Nouvelle tendance dans les formations continues de managers dans les grandes entreprises : suivre un stage de philosophie au service du management. Concrètement il s’agit de discuter autour des points de vue des grands penseurs sur le thème du travail, des valeurs, la quête de reconnaissance, le respect des lois etc.


Quel est le bénéfice pour les entreprises ?

Pour répondre à cette question, rappelons une définition une définition de la philosophie. Selon L’encyclopédie Larousse, la philosophie est « un ensemble de conceptions portant sur les principes des êtres et des choses, sur le rôle de l’homme dans l’univers, sur Dieu, sur l’histoire et, de façon générale, sur tous les grands problèmes de la métaphysique. ».

Il s’agit donc

  • de remettre de l’humain au sein dans l’entreprise,
  • d’aider les managers à prendre du recul sur leurs pratiques, en donnant un sens à leur travail.

Ce sens qui contribuera à aider ces managers à appréhender le chaos qu’est souvent leur quotidien et qui les aidera à penser leurs décisions dans un certain contexte.

 

Quels sont les effets pervers possibles d’une telle démarche ?

Une belle démarche donc. Mais comment ces enseignements nouvellement acquis vont-ils pouvoir s’exprimer ? Quels moyens auront les managers pour appliquer les décisions qui feront sens pour eux, si cette démarche n’est pas intégrée pleinement dans la stratégie d’entreprise ? Plus clairement, quel sera leur pouvoir d’agir pour mettre en application leurs nouvelles aptitudes ?

Ces formations en philosophie sont une très bonne nouvelle pour le retour à un management plus centré sur l’homme. Mais il ne faut pas que cette belle initiative se transforme en une promesse non tenue, qui peut générer l’inverse du résultat escompté. A savoir initialement aider les managers à être bien dans leur fonction et prendre les bonnes décisions. Sans réel pouvoir d’agir dans une direction qui fait sens pour eux, le risque est de générer de la frustration voire une réelle détresse. Parce que l’espoir généré de pouvoir toucher au ‘beau’ dans leur métier sera anéanti.

 

Alors que faire pour éviter que ce ne soit une formation de plus ?

– Tout d’abord intégrer ces formations dans une réelle stratégie managériale d’entreprise. Avant de philosopher dans les formations, il faut philosopher le management au plus haut niveau hiérarchique. Que le top management s’intègre pleinement dans la réflexion de ce que peut amener la philosophie dans leur entreprise, et surtout de ce qu’elle en attend comme résultat.

– A  ce stade, il est indispensable de se faire accompagner par des spécialistes du changement. Leur métier est de faire vivre cette nouvelle stratégie. D’aider à sa ‘corpropriation’ par l’ensemble de l’entreprise. D’en accélérer la mise en application.

– Ensuite bien choisir la formation. Il faut être vigilant sur le choix du formateur, sa propre formation bien sûr, son parcours… le risque étant que les grandes théories qui fondent la philosophie soient détournées de leur sens. D’où la nécessité d’une éthique irréprochable.

– Enfin il serait bon de donner suite à la démarche en donnant l’opportunité aux managers d’échanger sur l’application de ces enseignements. Par exemple en organisant des séances d’analyse de la pratique. Pour permettre de faire vivre concrètement ces aptitudes acquises. Ici il s’agit d’éviter de rester dans la théorie philosophique, mais que l’échange d’expérience permette d’appliquer la philosophie jusque dans les décisions opérationnelles.

 

Alors oui à la philo en entreprise ! Si on lui donne du sens…

Nathalie Ayet

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